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Un petit monde de grandes lettres.
18 juillet 2012

Les sentiers de la gloire sont impénétrables!

Les-Sentiers-de-la-gloire

A nouveau un film en noir en blanc à l'ésthétique sublime, j'ai nommé Les Sentiers de la gloire réalisé par Stanley Kubrick en 1957.

Réalisateur de films mythiques tels qu'Orange Mécanique, 2001 l'Odysée de l'espace ou encore Docteur Folamour, Stanley Kubrick nous propose dans Les Sentiers de la gloire une adaptation du roman éponyme d'Humphrey Cobb paru en 1935.

L'intrigue du film se déroule pendant la première guerre mondiale en France. Alors que les troupes s'enlisent au front, le chef d'état-major Broulard charge le général Mireau d'organiser l'attaque d'une solide position allemande nommée "La Fourmilière" afin de faire avancer le conflit et permettre aux français d'affirmer leur avantage. Dès les premiers instants du film, l'échange entre Broulard et Mireau semble absurde, les deux officiers s'entretenant dans un luxueux bureau, le chef d'Etat-Major achevant de convaincre Mireau par une promesse d'avancement s'il parvient à mener à bien cette mission qui s'annonce comme étant une attaque suicide.

Si le général Mireau apparait peu affirmatif quant au succès de l'opération, celui-ci se métamorphose lorsqu'il entend cette possibilité "d'avancement" et devient alors sûr de lui et de ses hommes, mué par un instinct patriotique factice, trahit par la cupidité et l'envie se laissant lire dans ses yeux. Tout n'est plus alors qu'hypocrisie et mise en scène de la part de ce général, passant en revu les troupes et demandant stupidement à chaque soldat avec lequel il s'entretient : "Prêt à tuer d'autres allemands aujourd'hui?" et échangeant quelques banalités à propos de leur vie de famille. Ici le montage est intéressant par la répétition de ce "rituel" le général Mireau nous apparait tout de suite comme antipathique. C'est alors que le spectateur a la joie de rencontrer celui qui tout au long du film s'opposera au général et à sa fausse philanthropie, le colonnel Dax merveilleusement incarné par Kirk Douglas.

Malgré tous les efforts du colonnel Dax pour motiver les troupes sur le champ de bataille, menant lui même l'offensive d'une façon vraiment héroïque une partie de la compagnie reste dans les tranchées, incapable d'en sortir sous le feu nourrit de l'ennemi et la peur au ventre. Le général Mireau fou de rage donne alors l'ordre à l'artillerie de tirer sur les pauvres hommes, mais le massacre est évité par l'insoumission du chef d'artillerie. C'est alors que l'intrigue du film prend toute sa dimension, après cet échec cuisant, le général Mireau exige l'éxécution des mutins pour l'exemple. Les images se chargent de tensions illustrées par les différentes entrevues des généraux et du colonnel, à la vue des trois soldats envoyés à la cour martiale et par la dévotion de Dax envers ses soldats.

En réalité, Kubrick donne à voir l'envers de la guerre, là où les bombes et les balles sont remplacés par la justice impitoyable de la cour martiale et les pleurs des trois malheureux soldats face au peloton d'éxécution. Finalement, tout semble immuable pour le soldat, qu'il soit dans les tranchées ou en dehors, ce dernier doit se plier aux ordres et accepter son sort même si celui-ci est totalement inhumain. La fin du film est particulièrement troublante, malgré tout le réalisateur propose en quelque sorte une ôde à la bonté humaine souhaitant signifier que la quête de Dax pour sauver ses soldats malgré son échec n'en demeure pas moins essentielle et magnifique. On voit alors à l'écran des soldats dans un bar, criants et hurlants devant une scène sur laquelle le tenancier fait monter une jeune allemande qui se met à chanter... La caméra saisit alors la transformation des visages, d'êtres hideux déformés par la haine et la souffrance, les soldats redeviennent humains, chantonnent en coeur et se laissent aller à verser des larmes. Dax les observant s'en trouve ému et le spectateur se prend à penser "Bravo d'avoir agit comme tu l'as fait, ces hommes en valent la peine.". En somme un moment très émouvant, sublimé par le génie de Kubrick.


"Colonel Dax, vous me décevez. Vous avez gâché votre acuité en vous vautrant dans le sentimentalisme. Vous vouliez sauver ces hommes, et vous ne visiez pas le poste de Mireau. Vous êtes un idéaliste et vous me navrez, comme l'idiot du village. On mène une guerre, et on doit la gagner. Ces hommes ont capitulé, on les a tués. Vous portez des accusations contre le général Mireau, j'exige qu'il y réponde. En quoi ai-je fait fausse route ?

- Parce que vous n'avez pas la réponse à cette question, je vous plains."

Voici les 5 dernières minutes du film, la fabuleuse scène décrite plus haut :

 

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