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Un petit monde de grandes lettres.
5 juillet 2012

Octobre... Rouge!

Octobre

Pour inaugurer, tout en restant dans l'ambiance de l'Est, voici une petite découverte cinématographique. Réalisé en 1928 par Eisenstein, célèbre pour avoir tourné le Cuirassé Potemkine, Octobre est le film célèbrant les dix ans de la Révolution Bolchévique. De prime abord, il peut sembler délicat de s'intéresser à un film de propagande, mais à y regarder de plus près, le travail de l'image captive immédiatement. Tout comme Leni Riefenstahl a su capturer par le biais de sa caméra toute la peur et la furie contenue dans les rassemblements et défilés du IIIème Reich, Eisenstein met en lumière l'âme sauvage et impétueuse du peuple russe.

Bien sûr, le peuple russe signifie en filigramme tout au long du film, les bolchéviks! Et quel visage le réalisateur leur a t-il donné! Des visages hirsutes, marqués, pleins de barbe et de poils, des moujiks ( les pauvres paysans) aux visages énergiques, rayonnants et éclairés par des yeux pleins de fougue des jeunes ouvriers, les acteurs semblent porter en eux l'âme de la Russie et tout particulièrement d'une Russie en pleine révolution. En repensant à tous ces visages d'homme, je me dois ici de souligner la présence importante à l'écran et assez surprenante pour l'époque des femmes. Qu'elles soient présentées du côté des révolutionnaires comme des hégéries harranguant au combat, préparant les armes, ou du côté des loyalistes, membres du "Bataillon de la Mort" alors dépeintes comme des semi-hommes, souvent édentées et bourrues (le réalisateur ne se prive pas de faire un peu d'humour à ce propos), Eisenstein semble aimer filmer l'être humain sans distinction de sexe, tout simplement.

 D'un point de vu historique, s'agissant d'un film de propagande, il faut bien sur prendre garde à la véracité des faits exposés, il semble peu probable notamment que l'armée de Kornilov venu à Petrograd pour rétablir l'ordre n'ait échangé aucun coup de fusil avec les bolchéviks et se soit contentée de danser avec eux au son des musiques kazakhes... La scène est d'ailleurs très rocambolesque et mérite le coup d'oeil !

J'avais été averti sur la façon de filmer d'Eisenstein comme étant très surprenante et intéressante. Il convient d'affirmer après le visionnage d'Octobre, que le montage des images dit "montage symbolique" donne toute sa vigueur au film, tout est suggéré et tout s'enchaine avec rapidité et réussite. A l'origine muet, la musique choisie et ajoutée au film en 1967 s'intègre parfaitement à l'ambiance alternant entre tension et calme, négociations et révoltes... Tout ceci contribue à faire d'un film en noir et blanc à portée "historique" un agréable moment de cinéma.

Le montage symbolique vient notamment titiller l'attention du spectateur, comme si Eisenstein lui faisait un petit clin d'oeil en disant "tu as saisi?", on appréciera notamment (ou non suivant les goûts) le montage alterné, à environ 30 minutes du film, des "deux Napoléons" Kornilov et Kerensky (drôle de Napoléon se cachant sous des oreillets!). Le réalisateur a tout mis en place afin d'avoir un rendu impeccable, les acteurs sont de vrais prolétaires trouvés dans les bars de Petrograd, ce qui nous donne la chance de voir un Lenine presque plus vrai que nature perché en haut d'une barricade et exhortant les bolchéviks à rester unis derrière le slogan :

"Nous voulons du pain, des terres et la paix!"

Visible en cliquant ici sur Youtube en bonne qualité

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