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Un petit monde de grandes lettres.
31 janvier 2015

Hommage aux... dessinateurs de presse !

Plus de trois semaines après les attentats de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, je me décide enfin à poster un article en hommage.

Charlie

Ce n'est pas tant le manque de temps qui explique un tel "retard" si l'on peut parler de retard pour un hommage qui, à contrario, devrait se renouveler sans cesse et dans la durée. J'ai dans un premier temps, été profondément touché par ces attentats avec tout ce que cela entraîne, un sentiment d'abattement, une tendance à la déprime etc.

Puis est venue la tristesse, la vraie, celle nécessaire qu'il faut dépasser pour aboutir à une réflexion et avancer. Si je me détache, à l'heure actuelle de l'idée "Je suis Charlie" qui a eu les effets que l'on connaît (des hommages rendus par de tristes personnages et gouvernants pour qui la liberté de presse est le cadet des soucis, aux "Charlies" fraîchement nés, qui s'attroupaient devant les kiosques alors qu'ils n'avaient certainement pas touché le journal de leur vie... bref.) c'est pour mieux affirmer que j'étais, suis et serais toujours Charlie. J'ai commencé à lire le "journal irresponsable" durant mes années lycées, j'ai continué au fil du temps à l'acheter de temps avec à chaque fois la certitude d'une bonne poilade à la terrasse d'un café ou dans les transports. J'ai même hésité à m'abonner un moment, mais, faute d'un solide budget mensuel je ne l'achetais plus qu'épisodiquement (oui j'aimais le journal, mais non il ne vallait pas 3€, à côté d'un Canard Enchainé qui se monnaie à 1,20€).

Je serais toujours Charlie, car une bonne caricature d'un curé aviné, me fera toujours marrer autant que celle d'un rabbin réac' ou d'un imam en goguette. Mais je comprends également qu'on ne soit pas Charlie, chacun son humour, sa foi, sa croyance. Avant ces tristes évènements, nous étions à peine 20 000 charlies. Cela vaut-il la mort? Non jamais.

Bref, suite à cette note personnelle, je me propose plutôt que d'étendre celle-ci sous forme de billet d'humeur, de vous présenter un ouvrage très sympathique et tout à fait à propos : Dessinateurs de presse de Numa Sadoul.

Dessinateurs-de-presse-right

Homme de presse, Numa Sadoul, proche de la clique à Charlie, nous livre dans Dessinateurs de presse une succession de huit interviews : Cabu, Charb, Kroll, Luz, Pétillon, Siné, Willem, Wolinski. A ces longues interviews, qui permettent de rentrer dans l'intimité et les particularités de chaque dessinateur, s'ajoutent au fil des pages des dessins choisis de chaque interviewé. De quoi revoir ses classiques! On appréciera la pertinence des questions, la retranscription juste des réponses des dessinateurs : la "grande gueule" de Siné, la langue poétique de Willem néerlandais d'origine, le côté branché-bobo de Luz, le franc-parler de Charb, la jovialité de Cabu. La lecture se fait tour à tour joyeuse, insouciante mais aussi profondément touchante. Car tous ces dessinateurs aiment leur métier, aiment le dessin virulent, acide, cynique, et l'on n'en doute pas une seule seconde, seraient prêts à tout pour conserver le droit d'esquisser une caricature. Et de planter leur crayon dans la plaie si c'est pour mieux éradiquer le mal, la connerie, la beauferie, l'idiotie, le racisme, le communautarisme, la ségrégation, le fascisme...

Les afficionados de Charlie en apprendront plus sur la genèse d'Hara-Kiri, de Charlie première édition puis deuxième édition lors de la brouille entre Siné et Val. C'est assez enthousiasmant d'avoir le sentiment d'appartenir à ce petit monde qui se connaît, se reconnaît et déconne sans arrêt. De l'évocation des galères du début, à la bienfaisance de la reconnaissance par ses pairs, l'univers du dessin de presse semble impitoyable tout autant qu'hillarant. En tout cas appartenir à la famille des dessinateurs de presse cela se mérite! Respects et honneurs à eux, comme à tout ceux qui luttent pour la liberté (de presse, de penser, de rêver, d'être...)

 

"Numa Sadoul : Pourquoi dessines-tu finalement?

- Siné : Pour leur rentrer dans la gueule. Je trouve qu'ils ne méritent pas mieux... Il faut les insulter. Enfin, quand je dis "ils", je parle des gens en général. Discuter avec eux me paraît totalement inutile. Quand je suis avec des gens un peu bornés qui ont des idées extrêment opposées aux miennes, je ne veux même pas discuter. D'abord, je crois que ça ne fait pas avancer le schmilblick et ensuite ça leur donne une importance qu'ils ne méritent pas. Alors je leur rentre dedans. Avec un type comme Val, par exemple, on ne peut pas discuter. Si je le vois, je suis sûr que je vais lui cracher à la gueule ! Donc, je ne vais pas le voir parce que je suis que ça va se gâter..."

Dessinateurs de presse - Entretiens avec Cabu, Charb, Kroll, Luz, Pétillon, Siné, Willem et Wolinski de Numa Sadoul

Editions Glénat 25,50€ http://www.amazon.fr/Dessinateurs-presse-Entretiens-P%C3%A9tillon-Wolinski/dp/234400016X

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